Une grève de femmes : le cas des allumettières et de l’Association ouvrière catholique féminine de Hull (1918-1928)

Par KATHLEEN DUROCHER
Publié le 19 octobre 2020

Des années 1870 à 1928, l’allumière de la E.B. Eddy se démarque en tant que principale productrice d’allumettes au Canada, ce bien essentiel du quotidien avant que l’électrification ne s’entame réellement. Durant des décennies, des centaines d’employé·e·s, principalement des adolescentes et des jeunes femmes, s’affairent à l’emballage des bouts de bois inflammables. Travaillant dans des conditions difficiles, entre 50 à 60 heures par semaine, et ce, toute l’année, elles ne gagnent qu’un maigre salaire octroyé à la pièce1. Victimes de ce système d’exploitation instauré par le plus puissant employeur de la ville, les ouvrières de la E.B. Eddy n’ont que peu de ressources pour améliorer leurs conditions de travail. Ce ne sera qu’à partir de 1918 que la situation se transforme alors que les travailleuses s’unissent sous la bannière d’un syndicat catholique nouvellement créé. Jusque-là exclues des tentatives de syndicalisation, elles se démarquent rapidement par leur participation active au sein de l’organisation. Leurs réussites se font connaître non seulement à Hull, mais aussi dans le reste du Canada.

Source: Images Radio-Canada, C'est fou

Bien que leur expérience syndicale se termine au bout de 10 ans, l’Union des faiseuses d’allumettes marque l’histoire ouvrière régionale, provinciale et même nationale. En offrant un premier exemple de réussite d’un syndicat féminin catholique, ces ouvrières deviennent une figure emblématique pour le mouvement syndical. Plus encore, leurs grèves représentent l’un des points saillants de l’histoire de la Confédération des travailleurs catholique du Canada (CTCC) et de l’actuel Conseil des syndicats nationaux (CSN). Alors que les individus se cachant derrière l’appellation « allumettières » sont aujourd’hui largement tombés dans l’oubli, leurs luttes demeurent, elles, bien présentes dans la mémoire collective.

Le syndicat des allumettières se démarque dans un premier temps par son activisme sans précédent chez les femmes de la classe ouvrière de Hull. Un an à peine après la création de l’Association ouvrière catholique féminine de Hull (AOCFH) et quelques semaines suivant la formation de leur syndicat, les ouvrières sont plongées dans un premier lock-out duquel elles sortent gagnantes. Suite à cette première lutte, la E.B. Eddy, une compagnie connue pour ses pratiques antisyndicales, accepte de reconnaître l’organisation et de négocier avec l’AOCFH. Les allumettières accumulent les gains dans les années suivantes. Les troubles ne tardent cependant pas à renaître. À l’automne 1924, la compagnie provoque un second conflit de travail. Cette fois, les travailleuses ne réussissent pas à obtenir ce qu’elles désirent. L’organisation ouvrière en sort meurtrie et son déclin rapide s’en suit pour le syndicat des allumettières, le son du glas retentit à peine 4 ans plus tard, en 1928, lorsque les opérations déménagent à Pembroke (Ontario) et Berthierville (Québec). Bien qu’une autre fabrique d’allumettes ouvre peu de temps après à Hull, le syndicat ne renaît jamais de ses cendres.

Quoique brève, l’expérience des allumettières de Hull demeure un exemple particulièrement éloquent des débuts du syndicalisme catholique et féminin au Québec, dans les années 1910 et 1920. À partir de cet exemple, nous souhaitons explorer plus en profondeur les réussites et les échecs de l’expérience syndicale féminine catholique. Plus encore, nous tenterons d’exposer les avantages et les restrictions qu’impose ce genre d’organisation syndicale pour les femmes qui s’y rallie, comme la capacité limitée des ouvrières à être représentées et à se représenter elles-mêmes ou les multiples difficultés rencontrées. Pour ce faire, nous aborderons différentes facettes de cette expérience : les identités des syndiquées, l’idéologie derrière l’organisation syndicale catholique, son application au sein du syndicat des allumettières et la structure de ce dernier. De plus, nous soulèverons l’importance des luttes de 1919 et 1924, de l’activisme et de l’inévitable question de la moralité pour cette organisation ouvrière, qui se voulait à la fois défenderesse des travailleuses et des valeurs de l’Église.

Une association féminine catholique pour les allumettières

Avant 1918, l’organisation des travailleuses à la E.B. Eddy, comme dans le reste de la cité industrielle de Hull, est une affaire d’hommes. Bien que les travailleuses s’organisent parfois de manière spontanée, aucune source ne permet de dire qu’il y a eu une quelconque tentative d’initier les ouvrières au syndicalisme2. Mentionnons que la E.B. Eddy, l’employeur le plus important de la ville et l’une des compagnies les plus riches du Canada, n’est pas particulièrement reconnue pour son approbation des syndicats. Les tentatives de syndicalisation à la fin du 19e siècle et dans les premières années du siècle suivant s’avèrent vaines, tandis que les organisations ouvrières peinent à recruter. Les grèves sont sévèrement réprimées et les menaces de mise à pied sont fréquentes3. Pourtant, le patronat laisse sous-entendre, dès 1904, qu’il est prêt à accepter une organisation confessionnelle locale4. Entre 1912 et 1915, c’est précisément ce type de syndicat qui se fonde sous le nom d’Association ouvrière [catholique] de Hull (AOH). Néanmoins, les filles et les femmes sont seulement acceptées officiellement dans leurs rangs quelques années plus tard.

L’exclusion des allumettières de la E.B. Eddy du mouvement syndical jusqu’à la fin de la Grande Guerre n’a rien de surprenant. Pour l’expliquer, nous devons saisir la composition démographique de la main-d’œuvre concernée. C’est cette même explication qui nous permet de comprendre pourquoi elles trouvent une place au sein de l’organisation confessionnelle créée en 1918. Bastion d’une main-d’œuvre canadienne-française, la fabrique d’allumettes E.B. Eddy emploie en grande majorité des filles francophones âgées de 15 à 19 ans et de confession catholique5.

À quelques rares exceptions près, elles occupent le poste d’emballeuse. Cette occupation consiste en l’unique tâche d’amasser une quantité déterminée d’allumettes et de les placer le plus rapidement possible dans une boîte de bois ou de carton, en évitant les bris et, surtout, de mettre le feu à la marchandise — un risque omniprésent. Ce travail, qui ne demande aucune spécialisation, est néanmoins exclusivement confié aux femmes : celles-ci étant perçues comme étant davantage minutieuses, appliquées et rapides6. Plus important encore, la compagnie les emploie, car elle leur octroie un salaire beaucoup moins élevé en raison de leur manque de « spécialisation » et de leur genre.

Le travail d’allumettière, bien que simple à première vue, n’en demeure pas moins complexe et risqué en raison des dangers constants qui guettent les employées de la salle d’emballage. En plus des possibles incendies et brûlures, la fumée et les vapeurs chimiques sont nocives pour les ouvrières. Ceci s’additionne à la chaleur incommodante, à la fatigue engendrée par le rythme rapide du travail et aux risques d’accident causés par la machinerie. Ces conditions de travail difficiles, ainsi que les longues heures et les faibles salaires, demeurent une réalité inchangée de la fin du 19e siècle jusqu’à la fin des années 1910.

Jusque-là, les organisations ouvrières de la cité industrielle hulloise interpellent principalement les hommes, particulièrement ceux qui sont employés aux scieries de la E.B. Eddy : un endroit où aucune femme ne travaille. Quelques allumettiers intègrent celles-ci, sans plus. Les femmes demeurent exclues, car leur organisation est perçue comme impossible par les syndicats. Le jeune âge des femmes et la brève durée de leur présence sur le marché du travail compliquent leur implication. Normalement, elles quittent leur travail après quelques années pour se marier et occuper leur rôle de mère au foyer7. Quelques-unes reviennent sur le marché du travail plus tard au cours de leur vie, surtout lorsqu’elles sont veuves. Aussi, les femmes sont fréquemment considérées comme des compétitrices aux hommes et une nuisance aux conditions salariales de ces derniers, ce qui rend les syndicats peu enclins à inclure la main-d’œuvre féminine dans leurs rangs8.

Suite à l’arrivée des syndicats catholiques, la situation se transforme enfin. Suivant les directives de la doctrine sociale de l’Église, les responsables des organisations syndicales à Hull, les Oblats de Marie immaculée (O.M.I.), reconnaissent l’importance de protéger les filles et les jeunes femmes qui travaillent dans les manufactures de la ville, notamment les allumettières. D’après les enseignements de la doctrine prescrite le 15 mai 1891 dans l’encyclique papale de Léon XIII, les femmes et les enfants, considéré·e·s comme mal adapté·e·s au travail industriel, doivent à tout prix être protégé·e·s des dangers de l’exploitation physique et morale en dehors du foyer.

Cette idée de protection est clairement reprise par les fondateurs de l’Association ouvrière catholique féminine de Hull (AOCFH), une branche de l’AOH réservée aux travailleuses. Dans le Codex Historicus, un journal de bord des activités chapeautées par les Oblats de Hull, le compte rendu pour le mois de mars 1928 souligne : « il va sans dire que le but de ce nouvel organisme c’est la protection générale de l’ouvrière »9. Il s’en suit d’une remarque sur l’importance d’agir face aux désordres qui se multiplient dans les usines de la ville. Également, dans les pages des Œuvres dans la cité (1929), le Père Joseph Bonhomme, aumônier des syndicats catholiques de Hull durant les années 1920, écrit que le « but premier [de l’AOCFH] comporte la protection morale des jeunes filles à l’atelier, et l’amélioration de leurs conditions matérielles »10. Cette notion de protection morale est, sans surprise, réservée aux organisations ouvrières féminines.

La doctrine de protection morale est respectée et maintenue au cœur de l’organisation ouvrière féminine dans les années suivantes. Par exemple, en 1924, un long article sur les syndicats féminins publié dans un cahier spécial du journal Le Droit à l’occasion de la fête du Travail affirme que « les syndicats [catholiques] de Hull rendent de fiers services aux ouvrières. Ils leur procurent la protection matérielle et morale, de nombreux avantages intellectuels et sociaux par des œuvres de bienfaisance »11. Bien que l’enjeu d’améliorer les conditions matérielles des travailleuses est important, la centralité de l’œuvre s’avère, dans les faits, leur protection. Plus encore, ce serait, dans les faits, les ouvrières qui auraient réclamé au clergé le droit de s’organiser sous la bannière du syndicalisme catholique comme leurs collègues masculins12. Cette dernière leur est accordée, mais la justification qui est mise de l’avant reste que les femmes sont victimes d’un système d’exploitation dont elles, tout comme les enfants, devraient être exclues. Cette pensée affecte à la fois le fonctionnement de l’organisation, ses visées, ses gains et le type de militantisme encouragé.

Une hiérarchie patriarcale et un soutien clérical 

Le syndicat des allumettières est une branche de l’AOCFH qui est elle-même chapeautée par l’AOH. Une hiérarchie patriarcale s’instaure lors de la création d’une section réservée aux femmes, ce qui ne manque pas d’illustrer l’idéologie derrière les syndicats catholiques. Dès sa création en 1918 par le R.P. Étienne Blanchin (O.M.I.), sa dépendance à l’exécutif de l’AOH est clairement établie. La présence d’un aumônier général ou d’un « chapelain du syndicat », qui est responsable des syndicats catholiques, ainsi que la création d’un exécutif central exclusivement masculin, laissent clairement comprendre que les décisions de la branche féminine demeurent dépendantes du bon vouloir du clergé local et d’hommes13. Ainsi, malgré la présence de femmes au sein des différents syndicats de métiers de l’AOCFH ainsi qu’à la tête de cette dernière, ces femmes restent subordonnées à une instance supérieure composée exclusivement d’hommes. Dans ce contexte, le pouvoir décisionnel féminin s’en trouve vraisemblablement amoindri. La hiérarchie traditionnelle est alors respectée : la prise de décision féminine demeure limitée par la guidance et l’approbation des hommes de l’exécutif de l’AOH et des oblats responsables. Les femmes peuvent faire certains choix pour elles-mêmes, mais doivent être guidées par les hommes et par l’Église.

Cela étant dit, la place des femmes dans la prise de décision au sein de l’AOCFH mérite d’être abordée plus en profondeur. En 1918, l’organisation existe sans être divisée en syndicats de métier. Il y a alors qu’un exécutif féminin prenant les décisions pour les différentes ouvrières de la ville qui s’y rallient. En octobre 1919, devant l’importance du nombre d’adhérentes ― elles seraient plus de 350 à joindre les rangs de l’organisation dans les premiers mois ― l’AOH crée rapidement des syndicats de métiers pour les travailleuses14. C’est ainsi que le syndicat des allumettières voit le jour. Dans un premier temps, il réunit à la fois ces travailleuses et les employées de la papetière de la E.B. Eddy, avant de se séparer pour devenir l’Union des faiseuses d’allumettes. Ces scissions obligent alors la création de différents exécutifs féminins qui se trouvent à leur tour, sous la supervision de l’AOCFH, du chapelain et de l’AOH.

Si le réel pouvoir décisionnel des femmes concernant les objectifs de leur syndicat demeure difficile à évaluer― les procès-verbaux des rencontres disparaissant avec le temps ―nous pouvons observer une certaine évolution dans leur prise de parole sur la place publique. En effet, au cours des premières années d’existence du syndicat des allumettières, c’est un homme qui se fait porte-parole des travailleuses lors d’un conflit avec l’employeur15. C’est le cas en décembre 1919, lorsque les travailleuses de la E.B. Eddy négocient avec le patronat au sujet de leurs conditions de travail, tout en militant pour la reconnaissance du syndicat. Cinq ans plus tard, ces mêmes travailleuses confrontent à nouveau leur employeur. Pourtant, cette fois-ci, c’est une contremaîtresse de la fabrique, plus précisément Donalda Charron, qui se fait porte-parole de l’organisation. La présidente de l’AOCFH, une ancienne allumettière du nom de Georgina Cabana prend également la parole16. Or, leurs déclarations publiques se limitent généralement à quelques mots prisant l’organisation et ses visées générales.

Nous trouvons un autre exemple de ce progrès dans le cadre des assises syndicales, regroupant les différentes organisations catholiques canadiennes en 1921 et annonçant la création de la CTCC. L’absence d’une représentation officielle à l’événement illustre le rôle de second rang occupé par les syndicats féminins. Or, les journaux y dénombrent des dizaines femmes, principalement des membres des différents exécutifs de l’AOCFH ainsi que sa présidente, qui s’y rendent en tant qu’auditrices17. Dans les faits, cette participation non officielle de femmes au cours des assises ouvrières permet aux syndicats féminins d’être représentés au prochain congrès de la CTCC. Grâce à cette résolution, l’activisme des femmes gagne visiblement en reconnaissance. Malgré la double supervision masculine, laïque puis religieuse, les allumettières démontrent une volonté de faire entendre leurs voix. Sans pour autant briser la hiérarchie traditionnelle, elles trouvent le moyen de se faire une place tout en respectant l’autorité du clergé, conservant ainsi l’appui essentiel de ce dernier.

Dès sa création, l’AOCFH obtient le support sans compromis du clergé local, du moins si l’on en croit les écrits des O.M.I. Dans le cas de la contre-grève de 1919, les bons mots à l’égard de l’organisation ne manquent pas dans les pages du Codex Historicus, où on fait l’éloge de la lutte menée par le syndicat des allumettières, qui a tenu tête au patronat pendant trois jours de négociations18. Ceci dit, c’est véritablement en 1924, alors que les allumettières mènent leur combat contre la E.B. Eddy, que l’on prend la pleine mesure de ce soutien. Leur dévouement fait l’objet d’éloges non seulement de la part du clergé, mais aussi de la presse locale francophone, de la population, ainsi que des syndicats catholiques ailleurs au Québec19. L’opinion publique semble se rallier derrière la lutte des jeunes ouvrières. Néanmoins, un acteur important de la ville choisit plutôt le camp de l’employeur : le père Joseph-Arthur Carrière, curé de la paroisse Saint-Rédempteur. Celui-ci participe même aux négociations entre le syndicat des allumettières et la compagnie, siégeant aux côtés des représentants patronaux20. Au sein même du clergé, l’opinion face à la cause des allumettières et l’importance du syndicalisme catholique ne fait pas l’unanimité.

Après la défaite des allumettières en 1924, les critiques de l’organisation syndicale se multiplient. Une amertume semble s’installer vis-à-vis des grévistes à la suite de l’échec et l’impression que la lutte aurait été, au final, une perte de temps et de ressources. Le manque d’intérêt des travailleuses supposé par le Père Joseph Bonhomme pousse plusieurs oblats et membres de l’AOH à affirmer qu’elles n’ont pas véritablement à cœur la bonne cause de l’organisation, faisant échouer cette dernière dans ses visées21. Lorsque la manufacture d’allumettes ferme ses portes en 1928, le syndicat est tenu responsable. À savoir si les O.M.I, bien moins investis dans la cause syndicale à la fin de la décennie, attribuent cette perte d’emploi et de capital à leur propre œuvre, les sources restent muettes. Or, comme le dira une ancienne employée, Anna Giroux, lors d’une entrevue au début des années 1980, à propos du départ de l’allumière : « c’est parce qu’ils ont mis l’union, parce que le Père Bonhomme avait fondé une union. Et la compagnie [E.B. Eddy] n’acceptait pas »22.

Source: Syndicat catholique, 1921. Centre régional d’actives de l’Outaouais, Collection Centre régional de l’Outaouais (P1000, D7)

Conditions de travail, moralité et l’entre-deux-guerres

Des gains considérables sont obtenus pour les allumettières et les autres syndiquées durant les premières années d’existence de l’AOCFH. Par exemple, selon un article de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste dans La Bonne parole :

les bienfaits de l’association se font déjà sentir dans la ville de Hull et le Syndicat sous la présidence de Mlle G. Cabana prospère rapidement, le Ciel vient à son secours ! Elle compte 367 adhérentes et a déjà obtenu des réformes importantes : meilleures conditions de travail, journées plus courtes, améliorations hygiéniques, revêtement des salaires, etc. Elle entend à l’automne fonder des cours postscolaires, avoir un bureau de placement, instituer des retraites fermées23.

Le respect du droit à une journée de repos le dimanche ainsi que les congés lors des jours fériés sont également obtenus, du moins officiellement, par l’organisation.

Il s’agit du premier gain réel des ouvrières au cours des décennies d’existence de la compagnie qui n’est pas poussé par des réglementations provinciales24. L’AOCFH affirme à plusieurs reprises son ambition de défendre les droits ouvriers plus conventionnels tels que le salaire, les heures de travail et le respect des droits d’association. Ce dernier n’est pas gagné sans difficulté : le droit d’association est au cœur de l’entente signée le 15 décembre 1919 des suites du conflit de travail qui oppose les allumettières à la E.B. Eddy. Puis, ce même droit est mis à mal lorsque la compagnie refuse de négocier avec l’organisation au cours de l’automne 1924.

Bien que les différents syndicats féminins catholiques comme celui des allumettières de l’association réussissent à faire valoir les demandes des travailleuses qu’ils représentent, ils adoptent une posture défensive. Ils agissent seulement lorsque l’employeur menace de faire régresser les conditions de leurs membres. En fait, la doctrine de ces syndicats favorise grandement les négociations, et non les moyens de pression, pour en venir à leur fin. La grève devient exceptionnellement légitime lorsque l’employeur force les travailleurs dans un lock-out25.

À travers les diverses batailles que mène l’organisation syndicale pour l’amélioration ou le maintien des conditions de travail des travailleuses, l’idéologie catholique joue un rôle de premier plan. Tandis que certaines luttes peuvent également être retrouvées chez les organisations masculines, les revendications auxquelles les responsables du syndicat et l’AOCFH tiennent le plus activement sont bel et bien spécifiques aux femmes. Cette situation ne présente toutefois pas que des désavantages. La protection des filles et des femmes face aux abus des hommes, surtout les surintendants, n’est pas réellement un enjeu pour les syndicats mixtes, qui privilégient normalement les intérêts de leurs membres masculins ou les batailles qui offrent des gains à tou·te·s ses employé·e·s26. Grâce à la division genrée qu’instaurent les syndicats catholiques, certaines demandes et inquiétudes des travailleuses sont enfin considérées sérieusement et mises à l’avant-plan. Principalement, l’importance de demeurer sous la supervision de femmes plutôt que d’homme est défendue sans relâche, dès 1918, dans l’espoir de limiter au maximum les cas d’abus27.

Les deux conflits de travail dans lesquels l’Union des faiseuses d’allumettes est entraînée du 13 au 15 décembre 1919, puis de septembre à décembre 1924 illustrent la présence de l’idéologie catholique dans les revendications syndicales. Ces deux luttes, qualifiées de « nobles » ou de « justes » dans la presse francophone locale, permettront aux ouvrières de récolter un support considérable dans toute la ville.

La bonne conduite des syndiquées en temps de grève s’avère centrale au soutien qu’on lui apporte. Dès 1919, les allumettières reçoivent des éloges de la part de la presse, de l’AOCFH et de l’AOH, en plus de ceux de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste et de Marie Gérin-Lajoie dans son discours offert à la Semaine sociale du Canada de 192128. La forte participation aux rencontres régulières de l’organisation et aux activités récréatives, comme des parties de cartes, les démarque. Il en va de même de leur activisme lors des collectes de fonds pour l’association et leur contribution aux événements entourant la fête du Travail29. À l’automne 1924, leur présence immanquable, chaque matin, sur les lignes de piquetage est saluée par le clergé30. Plusieurs, dont le Père Joseph Bonhomme, parlent de leur conduite irréprochable — bien que certaines sont arrêtées pour avoir violenté des surintendants, des briseurs et des briseuses de grève31. De par ce militantisme pacifique et ordonné, mais déterminé, les allumettières s’assurent un appui généralisé de la population, des autres syndicats catholiques de la ville et même de la province.

Source: «Défilé de la fête du travail, 1924» (H12-01-0125), Ville de Gatineau, coll. iconographique de la Ville de Hull (H012-01/125)

La forte influence de l’Église dans les syndicats catholiques féminins se retrouve aussi dans la prise de position concernant des enjeux sociaux particuliers des années 1920. Pendant cette période, au moment où la prohibition est imposée partout à travers l’Amérique du Nord à l’exception du Québec, Hull devient un haut lieu de contrebande et une destination privilégiée pour les fêtard·e·s32. Sa mauvaise réputation et l’accumulation de divertissements considérés comme immoraux obligent l’AOH, sa branche féminine et ses syndicats à réagir dans le but de protéger les filles et les jeunes femmes des dangers qui les guettent. Le syndicat prend alors parole publiquement sur des sujets qui dépassent largement les conditions de travail à l’usine en appelant au boycottage de cinémas de la ville et à la prohibition, tout en mettant aussi en valeur des « bons » loisirs le soir et les samedis33.

Cette centralité de la moralité transparaît également lors de la contre-grève des allumettières de 1924 alors que les ouvrières canadiennes-françaises s’opposent au changement important exigé par les patrons anglo-protestants, soit le retrait de plusieurs compétences propres aux contremaîtresses34. Ces dernières, des femmes normalement plus âgées, sont responsables des départements féminins. En retirant leur pouvoir, la compagnie est accusée de nuire à la sécurité des jeunes filles œuvrant dans la fabrique, puisque ces dernières devenant plus vulnérables face aux abus des surintendants masculins. De ce fait, l’importance primordiale des contremaîtresses, du moins selon les dires du syndicat et surtout de l’aumônier général de l’époque, le Père Joseph Bonhomme, provient surtout de leur rôle de « gardienne de la morale » à la manufacture d’allumettes35. Retirer le contrôle des contremaîtresses sur la production et sur la supervision des ouvrières soulève plusieurs inquiétudes. Tel que mentionné, ce changement aurait aggravé les risques d’abus de la part des surintendants masculins. Plus encore, cette situation aurait permis à des employées à la moralité questionnable d’être embauchées et d’influencer négativement leurs collègues36. Ces craintes sont répétées à plusieurs reprises dans la presse locale et soulevées dans les documents de l’AOH bien plus fréquemment que toute autre demande faite à l’employeur.

Suite à l’échec des ouvrières en 1924, la question de la moralité à la fabrique d’allumettes devient plutôt un sujet de critiques de la part du Père Joseph Bonhomme. Si l’on en croit les écrits de ce dernier, la situation se détériore à partir de cette défaite du syndicat37. De plus en plus désintéressées par l’organisation ouvrière, les travailleuses seraient également un bien moins brillant exemple à suivre. Les allumettières renieraient elles-mêmes l’autorité morale des contremaîtresses, ne participeraient plus aussi souvent aux activités récréatives de l’organisation et nombre d’entre elles apprécieraient les mauvaises modes vestimentaires de l’époque38. Ces remarques sont faites à la fin de l’année 1925, rien de plus n’est dit sur la conduite des travailleuses dans les trois années suivantes, et ce, jusqu’à la fermeture de la manufacture. Or, leur désintérêt face à l’organisation demeure tandis que les effectifs syndicaux diminuent sans arrêt39. Les activités du syndicat disparaissent et l’exécutif se rencontre seul. Délaissant le militantisme, les travailleuses préfèrent plutôt participer à l’œuvre éducative lancée par l’AOCFH, soit les cours du soir.

Conclusion : Gain, pertes, reconnaissance et effacement

Ultimement, nous pouvons nous questionner à savoir si le syndicat catholique a offert aux allumettières un moyen efficace d’améliorer leurs conditions. La réponse demeure ambiguë. Certes, elles ont eu un mot à dire sur leur horaire et leurs heures de travail avec l’entente de 1919, par laquelle la compagnie accepte de respecter les jours fériés et l’observation du dimanche. En ce qui concerne le salaire, celui-ci augmente dans les premières années d’existence de l’organisation, mais cette dernière n’est pas en mesure d’annuler les coupures de 40 % imposées par la Eddy en 192440. Au bout de ces quelques années, les allumettières ont un salaire encore plus bas qu’à la fin de la guerre. Alors que le syndicat prône la bonne entente et la négociation avec les patrons pour obtenir ce qu’elles revendiquent, les ouvrières ne s’en trouvent, en réalité, que peu récompensées.

La difficulté de mobiliser des adolescentes et des jeunes femmes n’ayant jamais eu, jusque-là, une place dans le mouvement syndical n’a pas pour autant signifié un manque d’intérêt pour l’organisation. Visiblement, les centaines d’ouvrières ayant intégré le mouvement, dont un bon nombre sont des allumettières, démontrent un intérêt marqué pour la syndicalisation sur leur milieu de travail. Malgré leur importante participation aux activités syndicales et leur militantisme, elles sont été confrontées aux difficultés de la reconnaissance. Si l’image de la jeune ouvrière nécessitant d’être protégée leur permet d’obtenir beaucoup de soutien et leur activisme prouve leur volonté d’améliorer leurs conditions, elles n’en restent pas moins dépendantes d’un exécutif masculin et de la volonté du clergé. Dès lors, elles n’obtiennent pas de réelle agentivité sur leur propre organisation. Jamais elles ne sont mises sur un même pied d’égalité avec leurs collègues masculins, même si leur militantisme est souvent décrit comme supérieur. Nous pouvons penser que leur statut de « victimes » inadaptées au monde du travail et de « jeunes filles »41, même lorsqu’elles sont adultes, leur impose une certaine passivité. Agir autrement leur vaudrait peut-être de perdre l’appui de l’aumônier, de l’organisation masculine et de la population. En d’autres mots, c’est justement ce statut de « victime » et de « pauvre exploitée » qui confère cette prétendue noblesse à leur cause et qui leur permet d’obtenir tant bien que mal certains gains.

Le respect des ententes syndicales de la part du patronat est tout aussi chancelant. Malgré les efforts de ses membres, le soutien populaire et clérical ainsi qu’une attitude plus conciliante, le syndicat des allumettières peine à réellement faire reconnaître ses demandes. Le patronat renie sa légitimité quand bon lui semble et même les travailleuses paraissent la rejeter dans ses dernières années d’existence. Finalement, l’échec de son entreprise à long terme est possiblement la source du désintérêt des allumettières face au syndicalisme catholique et non pas une certaine baisse de la moralité et de l’intérêt pour les bonnes œuvres. L’idéologie conciliante et peu revendicatrice est potentiellement la cause de la chute rapide du nombre d’adhérentes après la défaite de 1924, où les ouvrières perdent tout ce qu’elles ont obtenu jusque-là et plus encore.

D’un autre côté, la lutte morale du syndicat semble avoir également donné plus ou moins de résultats à long terme, tandis que les ouvrières délaissent rapidement ce discours et les bonnes œuvres récréatives. Faire de la moralité le cheval de bataille du syndicat catholique permet possiblement d’obtenir le support du clergé et de la population, mais n’a pas nécessairement réussi à catalyser l’intérêt des travailleuses42. Pourtant, les ouvrières semblent grandement intéressées par le syndicalisme, demandant la création de leur organisation et participant activement aux activités mises en place par celle-ci. L’idéologie du syndicat a-t-elle pu mener à sa propre perte ?

Finalement, l’organisation a-t-elle causé plus de pertes que de gains ? Pour certain·e·s, celle-ci s’avère, dans les faits, responsable du départ de la compagnie en 1928, ce qui entraîne la perte des emplois et la disparition de l’une des plus vieilles et prospères manufactures de la ville. Certains pointent du doigt l’organisation. La manufacture préfère blâmer les travailleuses. Une certitude demeure : la difficulté pour les allumettières et leur syndicat à s’organiser provenait principalement de l’antisyndicalisme affiché de leur employeur. Nous pouvons penser que les allumettières, face à cette intransigeance et aux échecs qu’elles essuient, ont tout simplement perdu l’espoir de voir leur situation s’améliorer.

L’histoire du syndicat des allumettières semble, dans les faits, plutôt un exemple d’échec que de réussite pour cette première organisation ouvrière catholique féminine au Québec. Pourtant, son empreinte dans l’histoire du travail au Québec n’en demeure pas moins considérable. L’Union des faiseuses d’allumettes a servi de premier exemple de la force du militantisme féminin et de la volonté des travailleuses à intégrer le mouvement ouvrier, même si nous pouvons questionner et critiquer l’approche et l’idéologie derrière le mouvement syndical catholique et son attitude face aux femmes qu’il représentait. Nous pouvons aussi affirmer que ce type d’organisation a offert à plusieurs ouvrières une première chance de voir leurs intérêts représentés. Au final, les problèmes principalement vécus par les femmes, tels que le harcèlement, ont été mis de l’avant. La présence d’un exécutif féminin, quoique sous la supervision d’un aumônier et d’hommes, ne peut être sous-estimé dans son importance. C’est particulièrement le cas de sa capacité d’offrir à ces femmes une voix et un pouvoir au sein du mouvement ouvrier à une époque où la main-d’œuvre féminine s’accroît de façon considérable.

Source: CSN

NOTES


 

1. Basé sur l’étude statistique faite dans « Les allumettières et le marché du travail ». Kathleen Durocher, Pour sortir les allumettières de l’ombre : conditions de travail et de vie des allumettières à la E.B. Eddy de 1854 à 1928, thèse de maîtrise, Université d’Ottawa, 2019, p. 19 à 57.

2. Par exemple, le 12 janvier 1904, 20 ouvrières du département de guenilles de la E.B. Eddy se mettent en grève en solidarité avec leurs collègues masculins en arrêt de travail. « Les grévistes de la maison Eddy », La Presse, mercredi, 13 janvier 1904, p. 7

3. Odette Vincent-Domey, « Industry and the World of Work », dans Chad Gaffield (dir.), History of the Outaouais, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1997, p. 302

4. John Michael Brac, Shepherds for a modern flock: involvement of the Oblats de Marie-Immaculée in the Association ouvrière catholique de Hull, 1912-1921, Mémoire de maîtrise, Université d’Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1993, p. 44.

5. Basé sur l’étude statistique faite dans « 1.2. Qui sont les allumettières ?». Kathleen Durocher, Pour sortir les allumettières de l’ombre : conditions de travail et de vie des allumettières à la E.B. Eddy de 1854 à 1928, thèse de maîtrise, Université d’Ottawa, 2019, p. 28 à 52.

6. « Every week with E.B. Eddy Company: The nimble-fingered girls who fill the boxes with Eddy matches », The Canadian grocer and general storekeeper, 5 septembre 1919, p. 5.

7. Linda Kealey. Enlisting women for the cause : Women, labour, and the left in Canada, 1890-1920. Toronto, University of Toronto Press, 1998, p. 16. 

8. Ibid. p. 53 ; Ruth A. Frager, Carmela Patrias, Discounted labour : women workers in Canada, 1870-1939, Toronto, University of Toronto Press, 2005, p. 127

9. « Organisations ouvrières », Codex Historicus, mars 1919, p. 138. Archives Deschâtelets, Codex Historicus (JC 4001 .C21C).

10. Joseph Bonhomme, Les œuvres dans la cité, Montréal, L’école sociale populaire, 1929, p. 84.

11. « Les syndicats féminins à Hull », Le Droit, 29 août 1924, p. 22.

12. « Organisations ouvrières », Codex Historicus, mars 1919, p. 138. Archives Deschâtelets, Codex Historicus (JC 4001 .C21C).

13. Michelle Lapointe, « Le syndicat catholique des allumettières de Hull, 1919-1924 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 32, n°4 (1979), p. 608-609.

14. « Chez les jeunes filles », Le Droit, mardi 7 octobre 1919, p. 4.

15. Codex Historicus, janvier 1920, p. 148. Archives Deschâtelets, Codex Historicus (JC 4001 .C21C).

16. Dans la presse, notions les exemples de : « On tient aux contremaîtresses », 6 octobre, «Les citoyens de Hull de plus en plus sympathiques aux contre-grévistes », 10 octobre, « Mlle D. Charron organisatrice des syndicats », 24 octobre. Notons que Donalda Charron prend un peu plus longuement la parole dans « Récente lettre du syndicat », mais cela s’avère la seule exception.

17. « Aux assises ouvrières de Hull », La Presse, 27 septembre, p. 12 ; « Les unions nationales et catholiques à Hull », Le Devoir, 27 septembre 1921, p. 1.

18. Codex Historicus, janvier 1920, p. 148. Archives Deschâtelets, Codex historicus (JC 4001 .C21C).

19. Plusieurs articles dans Le Droit mentionneront au cours du mois d’octobre des contributions financières et des messages de support venant de syndicats catholiques féminins et masculins des villes de Montréal, de Québec et d’ailleurs ainsi que des représentants de différentes œuvres catholiques.

20. Codex Historicus, janvier 1920, p. 148. Archives Deschâtelets, Codex historicus (JC 4001 .C21C) ; Codex Historicus, janvier 1920, p. 148. Archives Deschâtelets, Codex historicus (JC 4001 .C21C).

21. Joseph Bonhomme, Rapport des syndicats nationaux catholiques de Hull et d’Ottawa pour l’année 1924-1925, adressé à l’aumônier général. Archives Deschâtelets, Fonds de la paroisse Notre-Dame (JC 4026 .C21M).

22. BAnQ, Fonds Institut québécois de recherche sur la culture (E54), Mémoire d’une époque (S1984), « Entrevue d’Anna Giroux » (D76).

23. « Chronique des œuvres », La Bonne Parole, juillet 1919, p. 3.

24. Les lois visant les manufactures de la province de Québec (1884 et ses refontes) ainsi que l’interdiction d’utiliser du dangereux phosphore blanc dans la confection d’allumettes du gouvernement fédéral (1914) sont les deux seules mesures ayant réellement affecter le travail des allumettières.

25. Luc Desrochers, « Les facteurs d’apparition du syndicalisme catholique dans l’imprimerie et les déterminants de la stratégie syndicale 1921-1945 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 37, no2 (1983), p. 248 ; Ruth A. Frager, Carmela Patrias et Joan Sangster, Discounted Labour, Toronto, University of Toronto Press, 2005, p. 127 ; Brian Hogan, « Church and Union : The case of Hull, 1912, 1921 », Labour/Le Travail, vo. 7 (1981), p. 141.

26. Gail Cuthbert-Brandt, Through the Mill :Girls and Women in the Quebec Cotton Textile Industry, 1881–1951 , Montréal, Baraka Books, 2018, p. 113.

27. Cet objectif principal est mentionné pour une première fois lorsque la création de l’organisation est mentionnée dans le Codex Historicus des O.M.I. « Organisations ouvrières », Codex Historicus, mars 1919, p. 138. La protection des abus (particulièrement des surintendants masculins) sera soulevée maintes fois dans les années qui suivent, justifiant l’importance des «dangers pour la morale» qui guettent les ouvrières.

28. Marie Gérin-Lajoie, « Le syndicalisme féminin », La Semaine sociale du Canada, Montréal, L’Action paroissiale, 1921, p. 283-307.

29. « Des fêtes inoubliables à Hull », Le Droit, mardi 2 septembre 1919, p. 4. « Les chars », Le Droit, mercredi 4 septembre 1919, p. 3. ; Michelle Lapointe, « Le syndicat catholique des allumettières de Hull, 1919-1924 », p. 610.

30. « La manufacture est fermée », Le Droit, 8 septembre 1924, p. 4 ; « Les contre-grévistes sont là », Le Droit, 8 octobre 1924, p. 4. 

31. « Trois jeunes filles grévistes arrêtées », La Presse, 29 septembre 1924, p. 3 ; « Une grève qui se fait alarmante », La Presse, 22 octobre 1924, p. 10 ; Match factory is now completely closed down : superintendent and male employes molested at work », Ottawa Citizen, 20 octobre, p. 1 ; Ministère du Travail, Labour Gazette for the Year 1924, Vol. XXIV , Ottawa, Government printing bureau, 1924, p. 1110.

32. Marc Brosseau et André Cellar, Un siècle de boires et de déboires : Hull aux prises avec son histoire et sa géographie, Cahiers de géographie du Québec, vol. 47, no. 130 (2003). 

33. « Les syndicats féminins à Hull », Le Droit, 29 août 1924, p. 22 ; Joseph Bonhomme, Les œuvres dans la cité, Montréal, L’école sociale populaire, 1929, p. 84 ; Michelle Lapointe, « Le syndicat catholique des allumettières de Hull, 1919-1924 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 32, n°4 (1979), p. 626-627, 628.

34. Plusieurs éditoriaux et articles expliqueront les évènements dans le journal Le Droit en date du 13, 14 et 16 décembre 1919, dans la section « Nouvelles de Hull ». C’est le droit à la syndicalisation et l’importance pour l’intégrité morale et physique des jeunes ouvrières qui sera mise de l’avant pour justifier le bien-fondé de cette lutte. « Les syndicats féminins à Hull », Le Droit, 29 août 1924, p. 22 ; «Pourquoi des contremaîtresses aux usines », Le Droit, 7 octobre 1924, p. 3 ; « On tient aux contremaîtresses », Le Droit, 6 octobre 1924, p. 3.

35. Par exemple, on peut lire les propos de Joseph Bonhomme à ce sujet dans les pages du journal Le Droit alors qu’il signe l’article « Les agissements de la cie E.B. Eddy », 1er octobre 1924, p. 3.

36. « Pourquoi des contremaîtresses aux usines », Le Droit, 7 octobre 1924, p. 3

37. Joseph Bonhomme, Notes historiques des syndicats catholiques et nationaux de Hull, 1929, p. 2.

38. Joseph Bonhomme, Enquête faite au département des allumettes de la Cie. E.B. Eddy, 1925, Archives Deschâtelets, Fonds de la paroisse Notre-Dame de Grâce de Hull (JC 4026 .C21M).

39. Joseph Bonhomme, Rapport des syndicats nationaux catholiques de Hull et d’Ottawa pour l’année 1924-1925, Archives Deschâtelets, Fonds de la paroisse Notre-Dame de Grâce de Hull (JC 4026 .C21M).; Joseph Bonhomme, Enquête faite au département des allumettes de la Cie. E.B. Eddy, 1925, Archives Deschâtelets, Fonds de la paroisse Notre-Dame de Grâce de Hull (JC 4026 .C21M).

40. Sept à 10 dollars par semaine avant la syndicalisation, 10 à 18 quelques années plus tard. Joseph Bonhomme, Notes historiques sur l’Association ouvrière de Hull, 1929, p. 7 ; « La grève chez Eddy 22 sept. Au 20 nov », Codex, p. 254. Archives Deschâtelets, Codex historicus (JC 4001 .C21C).

41. Lorsqu’il est question du syndicat des allumettières, les travailleuses sont constamment appelées des « jeunes filles ». Sinon, ce sont des appellations comme « les [jeunes] demoiselles du syndicat » qui sont utilisées. 

42. Sur ce point, il est impossible de savoir ce qu’en pensent réellement les ouvrières. Ces dernières sont absentes des sources qui nous sont accessibles aujourd’hui. Aussi bien dans les journaux que dans les procès-verbaux, les membres du syndicat des allumettières demeurent muettes.