Camille Robert

 

Durant la pandémie, Camille Robert a appris à jongler avec la maternité, le travail, les études et la création d’une maison. Doctorante de nuit, elle s’intéresse aux conflits liés au travail de reproduction sociale dans le contexte du tournant néolibéral de l’État québécois, à travers l’étude de trois grèves dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Son mémoire, qui portait sur les discours et les mobilisations des féministes québécoises pour la reconnaissance du travail ménager, a été publié sous forme de livre aux Éditions Somme toute en 2017. Elle a également codirigé, avec Louise Toupin, un ouvrage collectif sur le travail invisible des femmes au Québec, paru aux Éditions du remue-ménage en 2018.

Gouverner en ignorant les femmes : bilan en trois tableaux

Par Camille ROBERT —

La Coalition avenir Québec (CAQ) a été élue en 2018 sur la base d’un programme qui ne mentionnait nulle part les femmes. Elles étaient invisibles, se fondant indistinctement dans les catégories de la famille, des aînés ou des travailleurs. Les rapports de genre et tous les conflits qui en découlent – inégalités salariales, plafond de verre, violence conjugale – n’existaient pas dans l’imaginaire politique de la CAQ. Ce n’était pas particulièrement étonnant, venant d’un parti campé dans la droite politique, où les candidates se faisaient rares et ne portaient pas nécessairement des valeurs féministes. Les seuls enjeux touchant de plus près la condition féminine, et pour lesquels la CAQ a pris des engagements lors de son élection, concernaient la famille, les garderies et les conditions des soignantes. Je propose ici d’observer comment, dans ces trois champs, la CAQ a ignoré les femmes, particulièrement dans le contexte de la pandémie, alors que les mesures d’aide étatique s’avéraient cruciales. Les failles dans notre filet social étaient certainement déjà présentes bien avant 2020, ou même 2018, mais il serait trop facile de blâmer exclusivement les gouvernements précédents pour l’ampleur de la crise sanitaire. L’indifférence de la CAQ quant aux enjeux touchant spécifiquement les femmes s’est reflétée dans sa gestion de la pandémie, tout comme dans la relance économique proposée.