Par Camille MARCOUX - Le printemps dernier, on commémorait la grève étudiante de 2012, notamment par l’adoption de mandats de grève par plusieurs associations étudiantes et la tenue de différentes actions à travers la province. À cette occasion, un copié-collé des revendications de l’époque était mis de l’avant. Conséquemment, les erreurs du passé étaient répétées : les étudiant·e·s de l’international étaient mis·e·s à l’écart, les profs n’ont pas eu à répondre de leur rôle dans l’école et celle-ci était présentée comme un lieu d’émancipation intellectuelle ou qui pouvait se distancer du marché du travail. Toutes les autres luttes étudiantes...

Par Collectif Un salaire pour toustes les stagiaires — Ce n’est pas une pandémie qui aura fait cesser le travail gratuit. Les stagiaires ont continué de pallier le manque criant de personnel en éducation, en santé, en services sociaux et dans le communautaire, lorsqu’ils et elles ne travaillaient pas comme étudiants et étudiantes, à se former pour faire le travail qu’ils et elles, au fond, faisaient déjà. L’école et les milieux de stage ont prolongé l’horizon sans fin de travail gratuit des membres de la communauté étudiante, qui n’avaient toujours pas la moindre emprise sur leurs conditions d’études, de stages et...

Par COLLECTIF — Le point de départ de la campagne des CUTE est d’ailleurs radicalement différent : les stagiaires, traditionnellement exclues des mobilisations étudiantes, étaient les protagonistes principales. Pendant quelques mois, elles sont devenues les actrices d’une grève offensive pour la rémunération des stages. Hors du radar de la gauche traditionnelle, elles ont mis en grève 60 000 étudiant·e·s et, pour une première fois dans l’histoire du mouvement étudiant québécois, des milliers de stagiaires étaient de la partie....

Par Hugo DORGERE — Repartir comme en quarante alors que le monde est aux prises avec une pandémie qui frappe cruellement les classes laborieuses, à la santé plus fragile et en première ligne sur le front du travail. Continuer de s’adresser à un gouvernement de forcené·e·s que l’un des mouvements populaires les plus puissants de notre génération, les Gilets jaunes, n’a pas fait bouger d’un iota. Croire par habitude insufflée que le sacrifice symbolique de la grève va suffire à mobiliser des gens happés par la précarité et la maladie. Il semblerait bien que ce soit la stratégie de la Confédération...

Par Camille MARCOUX et Etienne SIMARD — Or, à partir des années 1960, les universités deviennent des usines. Elles représentent un passage obligé, concrétisé par l’obtention d’un diplôme qui n’est plus dorénavant une marque de privilège. La démocratisation de la fréquentation universitaire faisait d’ailleurs partie d'un plan explicite et élaboré du capital: la classe ouvrière recevra une éducation supérieure....

Par Nesrine TEDJINI-BAÏLICHE — Me voilà à ma seconde immigration, cette fois avec un visa précaire. Je pensais l’université québécoise plus ouverte que la française, mais j'y découvre une institution blanche et coloniale. Le terrain est abrupt, violent. C’est bien évidemment un terrain de lutte avec des règles bien précises, qu’on ne maitrise pas d'avance. Un jour sur deux, l'envie d’abandonner les études me taraude, car rares sont les enseignant·e·s qui prennent compte du récit de l’opprimé dans le cadre des récits nationaux. Rares sont ceux et celles qui prennent en compte les oppressions raciales dans leur analyse, et rares aussi...

Par Hugo DORGERE — L’école est donc une institution disciplinaire au sens que lui donnait Michel Foucault dans Surveiller et Punir, celui «d’un lieu clos hétérogène, fermé à tous les autres» qui a pour vocation d’attribuer «à chaque individu sa place» et de transformer les élèves en animaux prévisibles. Elle ne fonctionne cependant pas toute seule, sans nous, il serait impossible de plier les corps et d’encadrer les êtres de manière si efficace, pour le compte des créateurs de l’Éducation Nationale: les bourgeois·e·s qui tirent les ficelles du service public....

Par Natalie STAKE-DOUCET — L’historiographie des soins infirmiers est blanche. Pire que ça, l’histoire des soins infirmiers est centrée autour d’une seule et unique infirmière blanche : Florence Nightingale. Malheureusement, cela ne veut pas dire que les infirmières et infirmiers comprennent vraiment qui elle était. Il existe, bien entendu, des historien·ne·s de la profession infirmière qui font un travail extraordinaire et diversifié, mais de façon générale, tant la profession que la discipline académique des soins promeuvent une image de Nightingale qui trouve ses fondements dans la suprématie blanche au lieu de présenter des faits historiques. J’entends ici expliciter le rôle de Nightingale...

Par Éloi HALLORAN et Camille TREMBLAY-FOURNIER — Dans le contexte de pandémie, les structures physiques de l’éducation postsecondaire sont plus ou moins complètement remplacées par des structures numériques. Bien que cette tendance précède le contexte actuel, la mise en ligne de l’éducation postsecondaire repose maintenant presque exclusivement sur le domicile étudiant comme nouvel espace de travail. Le numérique passe ainsi d’une médiation du travail étudiant entre l’école et la maison à sa domiciliation presque complète. Tout cela est médié par leurs connexions Wi-Fi, que les étudiant·e·s partagent bien souvent avec leur famille ou leurs colocataires, comme iels partageaient autrefois les chemins...

Par Eli MEYERHOFF — Pour expliquer comment de tels récits de crise de l’éducation postsecondaire sont liés à son histoire romantique, j’examine, dans Beyond Education, les débats politiques contemporains sur son « impasse ». Bien qu’elle puisse être approchée de pleins de manières, la plupart des auteur·trice·s de livres récents sur l’éducation postsecondaire aux États-Unis posent l’impasse comme une crise. Plutôt que de la traiter comme une question politique liée à des conflits entre des manières de faire le monde et des modes d’études, on pose l’impasse comme une question analytique et morale à résoudre par persuasion rationnelle. Les récits...