Travail du sexe, pandémie & répression

Par ADORE GOLDMAN
Publié le 3 juin 2020

Le 7 avril 2020, lors d’une des conférences de presse quotidiennes qui ponctuent nos journées depuis le début de la pandémie de la COVID-19, la nouvelle coqueluche du Québec, le docteur Horacio Arruda, nous avisait que « la monogamie, c’est préférable à ce temps-ci ». Le directeur général de la santé publique répondait à la question d’un journaliste à propos d’un couple de Thetford Mines qui avait reçu un constat d’infraction et était passible d’une amende de 1000 $ pour s’être retrouvé dans le même domicile alors qu’il n’habitait pas ensemble. Un cas comme on en compte par dizaine, voire par centaine, depuis. Le docteur Arruda appuyait bien sûr les propos du premier ministre François Legault, qui prescrivait un peu plus tôt de s’en tenir à un seul conjoint ou une seule conjointe.

Force est de constater que la pandémie fournit une bonne excuse à l’État pour contrôler les moeurs et renforcer le dogme du couple monogame et de la famille nucléaire1, notamment en pénalisant ces dévergondé·e·s qui ne savent pas se tenir. Or, si le fait qu’un couple hétérosexuel soit puni pour s’être trouvé sous le même toit fait couler beaucoup d’encre, on se préoccupe beaucoup moins du sort des travailleuse·eur·s du sexe (TDS) pour qui l’intimité est un gagne-pain !

Marlene Waltner, Quee R

Pour celleux pour qui le sexe est la principale source de revenu, le (faux) choix qui se pose est de continuer à travailler en s’exposant au virus, mais aussi au shaming collectif, voire à la répression policière, ou de cesser et ainsi dire adieu à leur revenu. Depuis le début de l’état d’urgence sanitaire, alors que certain·e·s risquent de se retrouver à la rue faute d’avoir pu payer le loyer, le virus sert de prétexte pour intensifier la répression envers les TDS. Des enquêteurs du SPVM avouaient d’ailleurs à La Presse assurer une surveillance constante de l’industrie, et ce, malgré une baisse des dénonciations2. Des descentes policières ont été organisées dans des hôtels et des TDS ont reçu des amendes pour ne pas avoir respecté la distanciation sociale. Dans plusieurs villes canadiennes, des policiers se sont fait passer pour des clients et se sont présentés sur les lieux de travail de TDS pour leur remettre des constats d’infraction.

Main dans la main avec la sécurité publique, la santé publique a fait de la surveillance et de la dénonciation du non-respect des règles de distanciation, l’une de ses stratégies phares3 afin de faire respecter la distanciation sociale. Les encouragements à la délation sont accablants dans la mesure où on peut présumer qu’elle ciblera en premier les personnes déjà marginalisées, entre autres celles dont la sexualité est stigmatisée comme c’est le cas pour les TDS, mais aussi les minorités de genre et les personnes racisées. La surveillance collective n’est d’ailleurs pas absente de nos « communautés » de travailleuse·eur·s. Dès le début de la crise, plusieurs TDS ont été pointé·e·s du doigt par leurs collègues sur les réseaux sociaux parce qu’iels continuaient d’y annoncer leurs services malgré la mise en place de diverses stratégies pour réduire les risques de transmission du virus4. De telles réprimandes sont politiques : elles ne tiennent pas compte des différences de classe qui existent aussi parmi les TDS et ne contribuent en rien à les ébranler. Ce n’est pas pour dire que les travailleuse·eur·s qui ont cessé leurs activités sont tout·e·s privilégié·e·s, mais, en se focalisant sur l’examen des situations individuelles plutôt que l’analyse des dynamiques sociales qui sont à l’oeuvre pour faire respecter le confinement, on en vient à passer à côté de solidarités qui pourraient mener à des luttes fécondes pour les travailleuse·eur·s du sexe5

Pandémies et travail du sexe : chassées du bordel, enfermées au foyer

Il n’est pas nouveau que les TDS soient stigmatisé·e·s et réprimé·e·s parce qu’iels sont considéré·e·s comme des vecteurs de transmission de maladies contagieuses. Comme le remarque Frankie Miren :

C’est un trope séculaire. Les travailleuses du sexe comme ultimes vecteurs de maladie. Au XIXe siècle, la loi britannique sur les maladies contagieuses autorisait à faire subir un examen forcé à toute femme soupçonnée de vente de sexe. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les travailleuses du sexe ont été considérées comme des boîtes de pétri prédatrices, des propagatrices pernicieuses d’ITS parmi les troupes innocentes.6

Ce fût également le cas durant la crise du VIH, de laquelle est ressortie la nécessité de compter sur les initiatives de santé communautaire et d’éducation pour faire face à la crise, plutôt que la criminalisation7. De nombreuses analyses publiées depuis le début de la pandémie ont d’ailleurs confirmé les parallèles entre la crise actuelle et celle du VIH8. Mais malgré la démonstration de son inefficacité, la répression revient toujours comme solution mise de l’avant par l’État9. Au-delà du fait que nous évoluons dans une société capitaliste, sexiste et raciste, peu d’analyses arrivent à justifier l’utilisation de cette tactique. Il semble que le contrôle des corps au travail, dans le contexte d’une pandémie, incluant la répression de toutes résistances à ce contrôle, serve moins à éviter la propagation d’un virus par les TDS qu’à faire face à la restructuration de l’économie provoquée par la crise sanitaire (et par la crise de la reproduction sociale10).

La répression des TDS au nom de la santé remonte à bien plus loin que l’époque des pandémies mentionnées ci-dessus. Chaque crise sanitaire représente une nouvelle occasion qui est plus souvent qu’autrement le théâtre du contrôle réaffirmé des sexualités, et ce, depuis aussi loin que le Moyen-Âge. Effectivement, lors de l’épidémie de la peste noire, les autorités de l’époque évoquaient comme causes de ce grand malheur le péché, l’homosexualité et la sodomie11. Il peut paraître audacieux de comparer la pandémie actuelle à une épidémie survenue au Moyen-Âge, époque à laquelle la science était bien moins équipée pour comprendre la maladie et y faire face. Il est toutefois possible d’établir plusieurs similitudes entre les mécanismes actuels de contrôle des corps, principalement celui des femmes et des personnes assignées femmes, pour assurer la reproduction sociale et ceux utilisés au Moyen-Âge après la peste.

Marlene Waltner, Quee R

La théoricienne féministe Silvia Federici a étudié le lien entre le déclin démographique, la crise économique et la dévalorisation du travail des femmes suite à la crise de la peste noire12. Au XIVe siècle, la préoccupation naissante pour la natalité dans une Europe décimée par la peste a servi à justifier le contrôle sur le corps des femmes et sur les sexualités afin d’assurer la reproduction de la force de travail. Parmi les mesures imposées, on retrouve, par exemple, la criminalisation de l’avortement et de la contraception. La mise en place de ces mesures allait de pair avec une augmentation des procès pour sorcellerie, visant surtout les femmes des classes inférieures, comme les servantes, les mendiantes et les guérisseuses. La peste avait d’ailleurs affecté davantage ces classes sociales, d’où la nécessité de contrôler les corps de ces femmes en premier pour qu’elles enfantent de futur·e·s travailleur·euse·s. Dès lors, le travail reproductif13 assigné aux femmes, qu’il soit domestique, de soins et/ou sexuel, est désormais qualifié de non-travail, faisant apparaître l’archétype de la femme au foyer.

Cette époque coïncide également avec une répression accrue du travail du sexe. Le recul des femmes dans le travail productif, qui allait devenir plus tard le seul à être salarié, a mené, selon Federici, bon nombre d’entre elles à entrer dans la prostitution. Cette activité jusqu’alors considérée comme un mal nécessaire pour la société est de plus en plus réprimée et criminalisée. Les bordels municipaux sont interdits et les femmes qui pratiquent la prostitution sont soumises à de cruels châtiments. Les vagabonds et les prostituées sont puni·e·s parce qu’iels occupent l’espace public. On assiste également à une baisse des tarifs en échange de services sexuels. Selon Federici, « [n]ous pouvons donc rapprocher l’interdiction de la prostitution et l’expulsion des femmes des lieux de travail organisés de la création de la femme au foyer et [de] la reconstruction de la famille comme lieu de production de la force de travail. »14 Ainsi, c’est seulement en analysant la place des femmes et des personnes assignées femmes dans le travail salarié qu’on peut analyser le rôle de la répression du travail du sexe et ainsi mieux la combattre.

Tout comme la peste dans l’Europe médiévale, la pandémie de la COVID-19 pose d’importantes questions sur le travail de reproduction sociale, la dévalorisation de ce travail et des travailleuse·eur·s qui l’accomplissent. Si, aujourd’hui, une part de ce travail est accompli par des salarié·e·s, comme c’est en partie le cas des soins aux aîné·e·s dans les CHSLD15, il faut dire que ces emplois reposent sur la dérégularisation des conditions de travail, la privatisation des services publics et la division internationale du travail16, ce qui implique qu’il repose en grande partie sur  les femmes racisées et immigrantes. Dans ces domaines sous-payés, on retrouve des conditions de travail pitoyables, dont le temps supplémentaire obligatoire17. De plus, la crise humanitaire qui sévit dans les centres de soins pour les personnes âgées et en perte d’autonomie nous fait prendre la pleine mesure de l’importance du travail des proche-aidant·e·s qui, en temps « normal » comblent gratuitement les lacunes du système. Les mesures de confinement imposées afin de limiter la propagation du virus renvoient finalement les femmes à la sphère privée: elles représentent 70 % des pertes d’emplois au Canada18 et sont les principales touchées par les coupes dans les heures de travail19.

La pandémie entraîne une réorganisation économique et sociale qui s’appuie sur le travail gratuit et sous-payé des « anges gardiens » qui assurent le travail de reproduction sociale. La façon de réguler le travail du sexe et, plus largement, la sexualité, dans ce contexte se rapproche également de la période de la peste noire, alors que l’on réprimait les TDS, tant dans l’espace privé que public. La distanciation sociale devient alors un prétexte qui sert un but tout autre que la santé publique: rediriger des personnes parmi les plus précaires sur le marché du travail vers les tâches essentielles à la reproduction, sans avoir à leur accorder des protections de base.

Les droits du travail contre la pandémie

Demander un salaire pour le travail ménager ne veut pas dire que, quand nous serons payées, nous continuerons à le faire. Cela signifie précisément le contraire. Dire que nous demandons de l’argent pour le travail ménager est un premier pas vers le refus de ce travail, parce que demander un salaire rend notre travail visible, et ceci est la condition indispensable pour que nous puissions commencer à lutter contre lui20.

Marlene Waltner, Quee R

Pour bien des travailleuse·eur·s, que ce soit dans l’industrie du sexe ou autre, cette dichotomie entre travail et violence n’existe pas: l’exploitation fait toujours partie de l’expérience du travail, à un degré ou un autre, surtout pour les plus précaires. En temps de pandémie, cette violence devient encore plus criante. Plus la pandémie progresse à Montréal, plus les inégalités sont visibles : les quartiers les plus touchés sont les plus défavorisés et où on retrouve une forte proportion de travailleuses migrantes précaires du réseau de la santé23.

Plusieurs TDS de partout dans le monde ont dénoncé leur inadmissibilité aux prestations d’urgence liées à la crise de la COVID-19. Dans plusieurs États américains où il existe des bordels légaux, les formulaires d’application excluent spécifiquement l’industrie du sexe21. Au Canada, plusieurs TDS ont dénoncé ne pas pouvoir demander la Prestation canadienne d’urgence (PCU) soit parce qu’elles sont des travailleuses migrantes, qu’elles reçoivent déjà l’aide sociale, qu’elles n’ont pas déclaré assez de revenu l’année dernière ou parce qu’il leur est impossible de déclarer leurs revenus à l’État, comme leur travail est criminalisé.

Ce constat ne semble pourtant pas convaincre les voix anti-prostitution. Par exemple, une travailleuse de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) se réjouissait de la fermeture temporaire des bars de danseuses et des salons de massage. L’intervenante se disait consciente de la précarité que cette mesure entraînerait, mais elle soulignait tout de même que « [l]es femmes qui viennent [à l’organisme] ne se considèrent pas comme des travailleuses, mais comme des victimes. Elles ne veulent pas être indemnisées pour ensuite retourner au “travail”. Pour elles, ce n’est pas un travail, c’est une violence. »22 L’organisme revendique plutôt une aide autre que celles réservées aux travailleuse·eur·s, sans toutefois en préciser la teneur.

On peut se demander ce qui aiderait les femmes qui souhaitent arrêter le travail du sexe si ce n’est une aide financière en attendant de se trouver un autre emploi. On peut aussi se demander comment on prévoit aider celleux pour qui le travail du sexe, aussi ponctué de violence soit-il, demeure la meilleure option, parce qu’iels n’ont pas de papiers, parce qu’iels sont en situation d’handicap, parce qu’iels sont monoparental·e·s, parce qu’iels sont trans et discriminé·e·s sur le marché de l’emploi… D’ailleurs, sans accès à la PCU, ces personnes risquent de se retrouver dans des emplois où elles seront autant exposées au virus; derrière la caisse d’un supermarché ou dans un autre emploi de service, par exemple. Une collègue écrivait sur Twitter :

Je suis en train de mettre à jour mon CV parce que je dois commencer à appliquer pour ces emplois essentiels puisque le travail du sexe n’est pas une option à cause des barrages routiers. Je n’ai pas mis à jour mon CV depuis 2013. Comment explique-t-on un trou de 7 ans ?

Pour ce qui est des allocations pour « parcours de sortie », telles que revendiquées par les regroupements anti-prostitution, l’exemple de la France nous démontre que ces solutions ne sont à la portée que d’une minorité24. Ces allocations sont remises aux TDS qui souhaitent sortir de l’industrie Pour y avoir accès, les TDS doivent toutefois avoir un proxénète à dénoncer. Pour certaines personnes migrantes, il est parfois impossible de faire appel à ces mesures parce que les réseaux menacent leur famille à l’international ou parce qu’elles n’obtiendront leurs papiers que si les preuves sont suffisantes pour mener à une arrestation. Pour tant d’autres qui sont indépendantes, aucun soutien financier n’est offert pour effectuer ce changement de carrière.

Loin de représenter une occasion de sortir de l’industrie, l’offre de services sexuels en ligne explose depuis le début du confinement, ce qui montre bien à quel point la crise actuelle affecte en premier lieu les femmes et les personnes trans et non-conformes de genre. Mais déplacer ses activités en ligne n’est pas à la portée de tout·e·s et la compétition est féroce. Les revenus atteignent rarement l’équivalent de ceux du travail en personne. De plus, les lois SESTA/FOSTA passées en 2018 aux États-Unis ont accru la surveillance des TDS sur Internet et plusieurs plateformes leur sont maintenant hostiles25.

Cette crise nous rappelle ainsi l’importance de reconnaître les revenus des TDS comme un salaire et la nécessité de leur donner accès aux droits du travail, ce qui passe d’abord par la décriminalisation. Dans le contexte où travailler revient à s’exposer à un virus extrêmement contagieux, on voit bien que la seule façon de refuser d’effectuer travail est d’être payé·e pour ne pas le faire. Car, sans revenu de remplacement, c’est majoritairement le travail qui expose au virus, que ce soit dans l’industrie du sexe ou dans d’autres secteurs de la reproduction sociale, comme la santé ou l’alimentation. S’identifier comme travailleuse·eur·s ne signifie donc pas de défendre ce travail. Au contraire, c’est le point de départ pour le refuser.

En plus de limiter l’exposition aux risques de contagion, la reconnaissance des TDS comme des travailleuse·eur·s à part entière est un pas essentiel à franchir pour se défendre contre la répression. Comme l’écrit Estelle Davis dans le cadre du panel Policing the Pandemic :

Ce que la crise actuelle met réellement en lumière pour moi c’est la quasi impossibilité de lutter contre la répression policière et la violence envers les TDS sans un syndicat. Les groupes de défense de droit et les regroupements faisons un bon travail avec les outils limités à notre disposition. […] Mais sans syndicat, une structure dans laquelle les TDS pourraient […] non seulement construire leur capacité collective à améliorer leurs conditions de travail, mais aussi à s’organiser avec des travailleuse.eur.s dans d’autres industries à travers le pays et construire un puissant lobby contre la criminalisation, les TDS continueront à souffrir26.

Marlene Waltner, Quee R

Un service essentiel, mais criminel

Alors que François Legault se veut attendrissant en ajoutant la fée des dents à la liste des services essentiels, il utilise les leviers financiers et répressifs dont il dispose pour pousser les plus précaires, notamment les femmes, les personnes trans et les personnes migrantes, vers le travail de reproduction sociale, effectué gratuitement ou contre un faible salaire dans les foyers et les emplois de service. C’est ainsi qu’il faut interpréter l’imposition de la monogamie et la répression des sexualités par les corps policiers.

La crise économique à venir inquiète, et la reproduction de la main d’oeuvre sera un élément clé de la relance économique. En les pénalisant et les criminalisant, les TDS représentent une main d’oeuvre qu’on peut facilement pousser vers les besoins économiques et sociaux du moment, en les empêchant par différents moyens d’assurer leur survie pendant la pandémie.

Ce constat peut paraître sombre, mais si on prend conscience du rôle que le travail sexuel joue dans la reproduction sociale et du levier de pouvoir que représente le salaire dans cette sphère, on peut imaginer toute l’importance d’un front de lutte uni dans le champ de la reproduction sociale. Si toutes les femmes et les personnes assignées femmes peuvent sentir l’opprobre du stigmate de la putain sur leur sexualité, c’est pour décourager celleux-ci d’entrer dans la prostitution et, ainsi, assurer une sexualité gratuite aux hommes cisgenres, mais également assurer au capital une main-d’oeuvre bon marché. S’il ne fait plus aucun doute du caractère genré, racisé et de classe que revêt la crise actuelle, la décriminalisation du travail du sexe devrait nécessairement s’inscrire dans les solutions de sortie de crise puisque le retour à la normal n’est vraiment pas une option.

Les illustrations sont tirées de l’oeuvre Quee R de Marlene Waltner.

NOTES


 

1. Sophie Lewis, « Sophie Lewis : Le virus et la famille ». Acta, 8 avril 2020, https://acta.zone/sophie-lewis-le-virus-et-la-famille/

2. Daniel Renaud, « L’industrie du sexe s’adapte, la police veille », La Presse, 23 avril 2020 : https://www.lapresse.ca/covid-19/202004/22/01-5270525-lindustrie-du-sexe-sadapte-la-police-veille.php

3. Thomas Gerbet, « Rassemblements interdits : attention aux mauvaises interprétations », Radio-Canada, 9 avril 2020 : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1692353/distanciation-covid-deux-metres-rassemblement-police-regle-consigne

4. Par exemple, certain·e·s travailleuse·eur·s ont décidé de ne voir qu’un nombre limité de clients réguliers.

5. Gwen Fauchois, « Coronavirus : la réduction des risques, c’est encore et toujours nous », Gwen Fauchois, 23 avril 2020 : https://gwenfauchois.blogspot.com/2020/04/coronavirus-la-reduction-des-risques.html

6. [Traduction libre] Frankie Miren, « Stigma towards sex workers is growing because of the coronavirus pandemic », iNews : https://inews.co.uk/opinion/comment/stigma-towards-sex-workers-is-growing-because-of-the-coronavirus-pandemic-2527270

7. Gary Kinsman, « Quelques leçons du militantisme anti-SIDA pour s’organiser dans le contexte de la pandémie du Coronavirus (COVID-19) », Ouvrage, 11 mai 2020 : http://www.revue-ouvrage.org/quelques-lecons-du-militantisme-anti-sida-pour-sorganiser-dans-le-contexte-de-la-pandemie-du-coronavirus-covid-19/

8. UNAIDS, « The cost of inaction: COVID-19-related service disruptions could cause hundreds of thousands of extra deaths from HIV », 11 mai 2020 : https://www.unaids.org/en/resources/presscentre/pressreleaseandstatementarchive/2020/may/20200511_PR_HIV_modelling

9. Le ticketing a été prouvé inefficace et joue plutôt en la faveur de celleux qui ont l’argent pour les payer ou pour les personnes ayant les ressources pour contester. De plus, les amendes données pour ne pas avoir respecté la distanciation sociale peuvent mener à des peines de prison s’il s’agit d’une infraction répétée, alors qu’on sait que les conditions sanitaires des prisons ont été dénoncées maintes fois durant la crise. Alexander McClelland et Alex Luscombe, « Opinion: Tickets and fines unlikely to help in battle against COVID-19 », Montreal Gazette, 23 Avril 2020 : https://montrealgazette.com/opinion/opinion-tickets-and-fines-unlikely-to-help-in-battle-against-covid-19/wcm/486fc857-6ab4-4034-a0de-4d6260a43b76/

10. La reproduction sociale fait ici référence aux processus à travers lesquels la vie est maintenue et reproduite. Ce concept a été notamment théorisé par des féministes marxistes italiennes telles que Silvia Federici et Mariarosa Dalla Costa, toutes deux militantes pour un salaire au travail ménager. Morgane Merteuil. « [Guide de lecture] Féminisme et théorie de la reproduction sociale», Période, 23 mars 2017 : http://revueperiode.net/guide-de-lecture-feminisme-et-theorie-de-la-reproduction-sociale/

11. Kate Lister, « Sex in the time of the Black Death : ‘They rushed headlong into lust’», iNews, 20 avril 2020 : https://inews.co.uk/opinion/comment/sex-in-the-time-of-the-black-death-they-rushed-headlong-into-lust-2543308

12. Silvia Federici, « Accumuler le travail et avilir les femmes », Caliban et la Sorcière, 1998, p. 151.

13. Le travail reproductif consiste à l’ensemble du travail nécessaire à l’entretien et au renouvellement de la force de travail: tâches domestiques, soins aux enfants et aux aînés, répondre aux besoins émotionnels, physiques et sexuels de la personne salariée.

14. Silvia Federici, « Accumuler le travail et avilir les femmes », Caliban et la Sorcière, 1998, p. 168.

15. Centre hospitalier de soins de longue durée pour les personnes âgé·e·s et en perte d’autonomie.

16. La définition conventionnelle de la division internationale du travail se rapporte au déplacement de la production industrielle des pays du Nord vers les pays du Sud, où les salaires et protections des travailleuses et des travailleurs sont moindres. Plusieurs féministes ont cependant démontré l’importance du travail exporté des pays du Sud vers les pays du Nord, notamment celui du travail de reproduction des femmes. Silvia Federici, « Reproduction et luttes féministes dans la nouvelle division internationale du travail », Période, 17 avril 2014 : http://revueperiode.net/reproduction-et-lutte-feministe-dans-la-nouvelle-division-internationale-du-travail/

17. Stéphane Gagné, « Le temps supplémentaire obligatoire : une pratique qui doit cesser », Le Devoir, 30 novembre 2019 : https://www.ledevoir.com/societe/567934/temps-supplementaire-obligatoire-une-pratique-qui-doit-cesser

18. Katherine Scott, « Women bearing the brunt of the economic losses : One on five has been laid off or had hours cut », Behind the Numbers, 10 avril 2020 : http://behindthenumbers.ca/2020/04/10/women-bearing-the-brunt-of-economic-losses-one-in-five-has-been-laid-off-or-had-hours-cut/?fbclid=IwAR1lCNUUQ8JTFiniu9J8eOHoDBWVBM0GGEeffo9BVmv6wL-CldNoLlEx8EU

19. Une étude du Conseil du statut de la femmes indique qu’en mars 2020, 120 200 femmes ont perdu leur emploi au Québec en comparaison à 55 100 hommes. Les secteurs les plus touchés sont majoritairement occupés par des femmes, particulièrement les services d’hébergement, de la restauration, de la culture, du commerce de gros et de détail. Voir Marie-Hélène Provençal, « Impacts économiques de la pandémie sur les femmes » dans CSF. Les femmes et la pandémie, 28 mai 2020 : https://csf.gouv.qc.ca/article/publicationsnum/les-femmes-et-la-pandemie/travail/impacts-economiques-de-la-pandemie-sur-les-femmes/

20. Traduction tirée du livre « Le foyer de l’insurrection : textes sur le salaire pour le travail ménager », édité par le Collectif L’Insoumise de Genève en 1977 : https://paris-luttes.info/salaire-contre-le-travail-menager-1121?fbclid=IwAR0JHyQHYndxXIkRRsToHmG7DDGlivAl6Uo61m581AC-WzVAMeppVUE60n8 ; Pour le texte original, voir Silvia Federici, Wages Against Housework, Bristrol, Power of Women Collective and Falling Wall Press, 1975 : https://caringlabor.wordpress.com/2010/09/15/silvia-federici-wages-against-housework

21. Bubbles, « Sex workers : You can and you should request pandemic relief », Tits and Sass, 14 avril 2020 : http://titsandsass.com/sex-workers-you-can-and-should-request-pandemic-relief/

22. Jessica Nadeau, « L’industrie du sexe ne s’arrête pas », Le Devoir, 1er avril 2020 : https://www.ledevoir.com/societe/576142/l-industrie-du-sexe-ne-s-arrete-pas

23. Dominique Cambron-Goulet et Nicolas Lachance, « Cas de COVID-19 sur l’île : plus la pandémie progresse, plus les pauvres sont touchés », Journal de Montréal, 13 mai 2020 : https://www.journaldemontreal.com/2020/05/13/le-portrait-de-montreal-enfin-devoile-1

24. Océan, «Agir», La Politique des putes, Intime et polique : https://open.spotify.com/episode/1DnW2wSjfl4kj4KDRNh5Cf?si=H4WLuI2tSkuzb_2vBeWR2w

25. SESTA (Stop Enabling Sex Traffickers Act) et FOSTA (Fight Online Sex Trafficking Act) sont deux projets de loi adoptés aux États-Unis en février et mars 2018, dont l’objectif est, soi-disant, de lutter contre le trafic sexuel. En vertu de ces deux lois, les plateformes web, comme Facebook, Twitter, Tumblr, Craigslist, Backpage peuvent désormais être accusées de trafic sexuel pour le contenu publié. Ainsi, du jour au lendemain, des centaines de TDS ont vu leur revenu et leur sécurité menacés par la fermeture d’espaces web. Kerry Port, « SESTA/FOSTA: censoring sex workers from websites sets a dangerous precedent », Pivot legal, 19 avril 2018 : https://www.pivotlegal.org/sesta_fosta_censoring_sex_workers_from_websites_sets_a_dangerous_precedent

26. [Traduction libre] Estelle Davis, « Policing the Coronavirus Pandemic : Trans Sex Workers and the Movement Towards Decriminalization », Cosmic Wyrm Rat : Writings by Estelle Davis, 18 avril 2020, https://cosmicwyrmrat.wordpress.com/2020/04/18/policing-the-pandemic-building-working-class-solidarity-with-trans-sex-workers-in-montreal/?fbclid=IwAR1iZVvaPS589z_5gYekJ_7X22ojb8tGmtbEwRyJ22vpDZTy3aUvJA24URU